Alma – Le vent se lève
Alma, 13 ans, vit au cœur d’une vallée africaine où couchée dans l’herbe chaude, elle invente pour son petit frère Lam des histoires, belles et dangereuses à la fois, sur le monde extérieur. Aussi, le jour où Lam disparaît, emplie de remord, elle prend pour seul baguage un grand arc, son fourreau de flèches et s’élance à sa recherche laissant derrière elle son grand frère et ses parents. C’est là que l’aventure commence, loin de la « forteresse sauvage » qui les protégeait du monde contemporain.
Nous sommes en 1786, Alma traverse les terres africaines jusqu’à la côte de Guinée où elle est confrontée à la cruelle réalité et découvre que des groupes de captifs sont embarqués de force à bords des navires négriers. Poursuivant sa quête, elle embarque clandestinement sur La Douce Amélie, magnifique trois mâts qui s’avèrera lui aussi damné.
Elle y fait la rencontre de Joseph, comme elle, clandestin à bord, mais lié par un pacte mystérieux avec le capitaine Lazare Bartholomée Garel. Les intrigues se mêlent alors et se teintent de magie et de piraterie…
Quel est donc le secret des parents d’Alma et leur ethnie, les Oko ? Pourquoi le jeune Joseph s’est-il introduit à bord ? Quelle est la nature des complots qui naissent autour de La Douce Amélie ? Autant de questions qui nous tiennent en haleine tout au long de notre lecture et trouveront réponse dans les prochains volets de la trilogie d’Alma.
La plume de Timothée de Fombelle fait onduler les hautes herbes sous le vent, grésiller les gouttes de pluie au contact de la terre chaude et courir les antilopes vers la ligne d’horizon.
La beauté et la poésie de l’écriture est doublée d’un travail de documentation très précis et au plus près de la réalité. Au fil de notre lecture, se font alors entendre les bruits des chaînes des captifs parqués sous l’entrepont, ceux de la misère et du désespoir. L’auteur s’est nourri des résultats des recherches sur la traite atlantique et le commerce triangulaire – Recherches historiques, ethnologiques et archéologiques, mais aussi témoignages et journaux de bord des capitaines, et littérature des Caraïbes et de l’Amérique noire. Il a retranscrit avec une profonde humanité ce qu’il ne faut jamais oublier : l’histoire de ces hommes arrachées à leur continent, à leurs rêves, leur vie.
François Place, en grand maître des paysages imaginaires, illustre magnifiquement ce voyage à travers l’Afrique et le long de la côte d’Or. Ses dessins à l’encre noire et lavis alimentent le souffle de l’écriture et une nuée de petits oiseaux au bec d’argent prend vie, s’envole et veille en secret sur Alma et les derniers Oko, comme un signe d’espoir et de liberté.
Un immense coup de cœur ! Une lecture envoûtante et admirablement rythmée que je conseille fortement à tous les jeunes lecteurs à partir de 12 ans.
Céline G.
ALMA, Le vent se lève – Timothée de Fombelle. Illustations, François Place, Gallimard Jeunesse, 2020 (18,00 €).
